Vendredi matin, une frappe aérienne de la coalition menée par l’Arabie saoudite a touché la prison de la ville de Sa’ada, au Yémen, un bastion du mouvement rebelle Houthi. Le ministère de la Santé déplore 82 morts et 266 blessés, mais le bilan pourrait s’alourdir au vu du nombre de personnes encore piégées sous les décombres.
Dans un communiqué, Médecins sans Frontières (MSF) rapporte les propos d’un membre de son personnel, qui explique avoir entendu des avions de chasse et trois explosions distinctes.
« Il est incontestable qu’il s’agit d’une frappe aérienne, tout le monde dans la ville de Sa’ada l’a entendue. J’habite à un kilomètre de la prison et ma maison tremblait à cause des explosions. »
Un membre du personnel de MSF, qui se trouve à l’hôpital al-Gumhouriyyeh, décrit des services hospitaliers débordés.
« L’hôpital est confronté à une situation très difficile aujourd’hui, des blessés sont allongés sur le sol. Il n’y a pas assez de lits pour tous les blessés. »
Ahmed Mahat est chef de mission MSF au Yémen. Il l’affirme, « ces derniers jours, nous avons assisté à une escalade inquiétante de la guerre au Yémen ».
« Il s’agit de la dernière d’une longue série de frappes aériennes injustifiables de la coalition menée par l’Arabie saoudite sur des lieux tels que des écoles, des hôpitaux, des marchés, des fêtes de mariage et des prisons. Depuis le début de la guerre, nous avons souvent été témoins des terribles effets des bombardements aveugles de la coalition, y compris lorsque nos propres hôpitaux ont été attaqués. »
Il le déplore, mais selon lui, « au bout de sept années de guerre, la fin des souffrances qu’endurent les populations civiles au Yémen semble encore loin ».
António Guterres, secrétaire général de l’ONU, appelle « toutes les parties à faire preuve d’un maximum de retenue et à empêcher une nouvelle escalade et une intensification du conflit » et « réitère ses appels aux parties pour qu’elles s’engagent de manière constructive et sans conditions préalables dans les efforts de médiation de l’Envoyé spécial Grundberg pour faire avancer le processus politique afin de parvenir à un règlement global négocié pour mettre fin au conflit au Yémen ».
Ravina Shamdasani, Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), fait état de 839 frappes aériennes par la coalition dirigée par l’Arabie saoudite. Le HCDH craint que les attaques soient plus nombreuses en janvier qu’en décembre dernier, qui avait connu 1074 frappes aériennes.
Au Yémen, les forces gouvernementales yéménites, soutenues depuis 2015 par une coalition internationale menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, s’opposent à la rébellion houthiste. MSF dénonce l’effondrement du système de santé yéménite, et l’aggravation de la situation du pays du fait de la pandémie de Covid-19, de la crise économique, mais aussi du « sous-financement alloué par l’Organisation des Nations unies dans sa réponse humanitaire ».
M.C.